Abusée dans un silence de nuit
Sa chair demeurera meurtrie
Prise au piège dans ce funeste lit
Où il lui imposait des jeux interdits
Enracinée avec un homme pervers...
Au pied de mon arbre
Vint se poser un oiseau
Le temps se figea aussitôt
Je contemplais cette offrande ce cadeau...
Le bonheur reste toujours à portée de main
Pourquoi regarder vers l’horizon, aussi loin
Lorsqu’il demeure dans notre quotidien
Dans ces petits riens ignorés qui font du bien...
Ô toi qui te pare de ton rose passion
Je m’enivre au cœur de ta floraison
Que dis-je ? Une offrande sans modération...
En soulevant l’épais couvercle en chêne
Je découvre à l’intérieur ses cordes trop frêles
Un silence macabre une odeur malsaine
Je désapprouve son mutisme trop cruel...
Dès l’aube ils préméditaient en lisière de forêt l'infamie
Dans ce présumé silence qui ne trompait guère
L'ivresse, l'excitation imprégnaient le vent
Je reniflais la passion malfaisante du sang...
C’était un matin suave aux senteurs printanières
Le soleil s'installait en douceur dans les bois
Une frénésie de reflets sur la rivière
Exaltait les libellules aux ailes de soie...
Seule sous son maquillage balafré
Seule dans son immense col roulé
Qui ne parvenait plus à dissimuler
Ses blessures bleues foncées...
En entrant dans son cabinet dentaire
On n’avait pas le sentiment d’un calvaire
Pourtant elle en a vu des réfractaires
Des patients aux douloureux imaginaires...
Malgré l'intense douleur qui s’arc-boute
Son regard bleu nourrit toujours nos visages
Ce désir de ne pas éveiller ses doutes
Cette volonté de partager son courage...
On lui accordait un silence
Elle s'y engouffra sans outrance
D’un souffle serti d’éloquence...
Toi qui parfois nous emportes en volupté jusqu’à la lie
Tu pétilles sur la table comme Tour Eiffel à Paris,
Transparente, ta robe ambre courtise mes envies
De goûter tes doux effluves à la gloire de ton égérie...
Ô brume ! Ta robe pourpre transparente entraîne
Le frémissement du relief jusqu’aux Cévennes
Le vent ivre, se frotte sur les écorces des chênes
Et de repartir, soufflant la neuvième de Beethoven...
Au cœur de l'étang sur un chétif bout de terre
Violoncelle au corps dans ce brun de lumière
Elle semblait jouer depuis des millénaires...
Une enfance confinée dans les couloirs
Aucun sourire ne sut fleurir sa figure
Harcelée soumise aux feux d’odieux défouloirs...
Les saisons s'entrelacent, fusionnent, s'emprisonnent
L'hiver vole au printemps sa lumière à outrance
L'été s’étale chevauche sans entrave l'automne
Et vous les abeilles ? Résisterez-vous à la déchéances ?...
Elle dressait ses prières pour éloigner l’ombre du mal
Qui se pavanait avec duplicité dans le couloir carcéral
Passage étriqué, voie ultime, chemin sans recours
Où sa rédemption jonchait sur une tablée de sourds...
Dans cette majesté résonne la vie
Des écureuils roux plein d’espièglerie
Se chamaillent pour la branche fleurie
Sous les yeux de la chouette abasourdie...
J’entrevois ton visage sur une étoffe parsemée de rêves
Songe sans frontière mon enfant, l’ombre maternelle
T’escorte dans ce monde, où tu restes un ange vu du ciel...
Le chef Surui sans rogner, égrainait l’histoire
D’une terre luxuriante et d’un peuple en décru,
Eloquence pesante, qui dresse notre miroir
Et l'agonie de cette œuvre naturelle mise à nu...
Témoin du mal, témoin de l'abjecte bêtise
Où la force du nombre renforce l'emprise
Pour toujours mieux la harceler, incomprises
Ses taches de rousseur n'étaient guère admises...
Inconnu ! Je demeure aux abords de la ville
Abrité sous l’arche d’un saule versatile
Mais les amoureux me jettent des regards hostiles
Allusion au fait que je trouble leur belle idylle...
Mystérieuse elle porte les secrets de la nuit !
Quand son âme se laisse entrevoir
On y lit des rêveries éclatantes de vie
Mais ce monde fermé ne veut guère le croire...
Jadis il s'exaltait et la couvrait d'amour
Des promesses jusqu'au crépuscule des jours
Qui aurait pu croire qu'elle joindrait les secours ?
Qu’elle voudrait fuir sans se retourner pour toujours...
Les réverbères victimes de vandales
Hélas ne t’escortent plus depuis trop longtemps
Les rues s’habituent au bruit de tes sandales
Qui ne camoufle pas ton souffle haletant...
Au pied du réverbère, elle redressait son chevalet
Assis sur le banc, il affinait délicatement ses cordes
Sous le regard des passants emprunts de curiosité
En ce jour où le ciel n’exprimait guère de discorde...
J’avais mal aux mots avant de te croiser
Mon verbe hibernait à l’orée de l’encrier
Mon cahier arborait une mine rouillée
Dans une odeur de vieux parchemin usé...
Imaginer, rêver, n'est-ce pas l'élixir ?
L'essence même de l’enfant de tout horizon ?
Graver le monde qu'il désire découvrir
Muni de son précieux son volubile crayon...
Un grain de douceur arpente nos oreilles
Des mots sertis de velours nous éveille
C’est la voix ! Celle qui offre ce bien-être
Elle nous insuffle l’esprit champêtre...
Forte de l’éminent titre de belle-dame
La demoiselle inonde le monde de légèreté
Et virevolte de fleur en fleur, quelle belle âme
Faite de splendeur faite de grâce et de bonté...