Harcèlement dans la cour
Témoin du mal, témoin de l'abjecte bêtise
Où la force du nombre renforce l'emprise
Pour toujours mieux la harceler, incomprises
Ses taches de rousseur n'étaient guère admises
Ses longs cheveux roux exacerbaient le mépris
Ils lui lançaient des humiliantes railleries
Sans même lui accorder le moindre répit
Et mon silence plus fort que mon envie
Envie de retirer les chaines de la peur
Pouvais-je encore m'enfoncer dans l'erreur ?
Alors que j'aimais en secret cette splendeur
Crinière ardente qui éclairait mon cœur
Ma crainte qu'ils cracheraient leur haine sur moi
Si je m’interposais pour entraver leur loi
Qu’ils n’hésiteraient pas à me pointer du doigt
En fustigeant ma peau noire avec effroi
Assise, esseulée, reclus sous le préau
Sous la pression d'immatures petits bourreaux
A la langue visqueuse infectée de maux
Ce fût pour elle un insoutenable fardeau
Au bord des larmes, proche de la rupture
Ses yeux cachés sous son auburn chevelure
Il m'incombait de lui déployer une voilure
Ne plus me cacher face au vent de blessures
L'extraire de l'ombre pour apprécier le jour
Le jour où elle serait libre de ses vautours
Suivre les rues sans être contraint au détour
Et ne jamais craindre de se rendre en cour
Pour celles ou ceux qui subissent
le harcèlement à cause de leur différence…
Laurent MENDY